A partir de 1982, Jean-Michel Wilmotte bénéficie de la volonté du gouvernement, sous l’impulsion de Jack Lang alors Ministre de la Culture, de développer les industries créatives françaises. Il sera de toutes les grandes commandes à commencer par celle de l’Elysée en 1983. Dans le cadre de celle-ci, il réalise le mobilier de la chambre de François Mitterrand. En 1984, il remporte le concours pour le bureau de l’ambassadeur de France à Washington. La même année, il dessine le mobilier du bureau de Jack Lang qui sera finalement installé au Ministère de l’Éducation. Il réalise également la chaise du jardin du Palais-Royal en 1986. Au- delà des commandes publiques, Wilmotte réalise nombre de projets d’aménagement de sièges d’entreprises : Canal +, Havas, ou encore Casino. Son mobilier massif, ancré au sol et fait de matériaux nobles incarne le pouvoir, privé comme public.
Jean-Michel Wilmotte est également amateur et collectionneur d’art, il collabore avec de nombreux artistes tels que César, Daniel Buren ou Jean-Pierre Raynaud, notamment en 1993 pour l’aménagement du Café Richelieu au Musée du Louvre. Influencé par la société du « tout communication » qui émerge dans les années 80, il est sensible à l’image. Ses shootings sont signés par des photographes de renom tels que Robert César ou Keiichi Tahara et donnent naissance à des images transcendant la simple photographie de mobilier. Son rayonnement est international : à partir de 1986 en plus d’un bureau d’étude il installe un espace d’exposition à Tokyo. Au Bunkamura, énorme complexe dédié à la culture dans le quartier de Shibuya à Tokyo, Wilmotte crée une réplique du Café des Deux-Magots adaptant ainsi la chaise Palais-Royal aux standards japonais. L’aventure est stoppée nette en 1995 par le tremblement de terre de Kobe. Ayant le sentiment d’avoir fait le tour du design il se frotte à l’architecture et construit ses premiers bâtiments à Tokyo dès 1989, il passe son équivalence en 1993 et obtient le titre d’architecte. L’architecture prend alors rapidement le pas sur le design et signe la fin d’Academy.
Cependant Wilmotte n’a jamais cessé de créer du mobilier pour des projets privés et publics à travers son agence, ou via des éditeurs. C’est une activité qui l’occupe encore aujourd’hui et son studio de design compte six designers. Les collections anciennes telles que Palmer, Attila, Washington ou Elysée font désormais parties de l’histoire du mobilier français et ont pour certaines d’ores et déjà rejoint les collections des musées nationaux.
Son travail d’architecte d’intérieur puis d’architecte lui a permis tout au long de sa carrière de concevoir du mobilier dans le cadre de projets complets allant de la façade à la poignée de porte. Cette pratique d’ensemblier peut rappeler par nombre de ses aspects le travail d’un autre Jean-Michel, Jean-Michel Frank.
Alors qu’il est aujourd’hui Académicien et considéré comme l’un des grands architectes contemporains, l’importance de Jean-Michel Wilmotte dans la révolution esthétique des années 80 est indéniable et à découvrir ou redécouvrir dès à présent.