Idir Davaine, Eclatax Sunshine: Ketabi Bourdet - 22, passage Dauphine, 75006 Paris
La galerie Ketabi-Bourdet est heureuse de présenter la seconde exposition personnelle d’Idir Davaine consacrée à une série de peintures et de petits formats à l’encre qu’il dévoile sous le nom d’Eclatax Sunshine.
Le soleil brûlant souffle du bout de ses lèvres une nuée de rayons qui viennent caresser les vents et la terre. Ici-bas, au détour des chemins, l’artiste se promène dans la forêt des signes et cueille les symboles qui lui serviront à l’avenir de muses. Le geste circulaire s’impose pourtant à chaque usage, la forme se fane et disparaît pour renaître malicieusement dans d’autres corps.
Au commencement, l’intuition d’Idir Davaine fait éclore un tournesol. Est-ce la nymphe Clytie rejetée par Apollon qui se cache sous cette fleur ? Cette dernière hisse le drapeau de l’espérance. « Suis-je amoureux ? Oui, puisque j’attends » déclarait Roland Barthes. La figure prend racine, elle s’expose et se réfugie dans les toiles de l’artiste. On ne sait jamais où va la peinture. L’abstraction rentre en friction avec ce que l’on semble percevoir.. Au fil des œuvres, on croit y reconnatre comme dans l’observation des nuages des formes naissantes : est-ce le fruit de notre imagination ? Un mirage ? Une hallucination ? Est-ce le soleil qui nous fait voir des soucoupes volantes, des apparitions tout en boucles d’Albator, des roses, des tournesols ?
Les pupilles se dilatent et c’est précisément ce qu’il faut : lâcher prise, car ici la forme n’est qu’un repère, elle nous bouscule, ondule devant nous, se moque. Elle se multiplie, se morcelle et vient propager les couleurs si chères à son créateur.
Les images s’imposent d’elles-mêmes. Elles semblent même surgir des motifs familiers que l’on connaît du peintre en les reléguant en arrière-plan. Ce temps de la construction, le fait qu’on puisse y lire les moments d’ésitation, de repentirs sous les couches lisibles de la peinture est primordiale. La présence des morceaux d’esquisses conservées et superposées est encore tiède : ces formes fantômes témoignent de ce qui, jadis, a existé. Le peintre porte en lui un pouvoir singulier : celui de capturer les souvenirs, d’alimenter cet être de mémoire ou pour reprendre le titre d’une des toiles : cet arbre à fossiles. « Je pensais à ces branches d’arbres bleues, comme des troncs calcinés, et puis sont venus un peu improvisés des gestes en spirale disséminées sur la toile, comme des coquilles d’escargot faisant écho à une oeuvre sur papier qui était-elle même la suite de la peinture noire, faite de cercles et d’éclipses. Ça se passe souvent comme ça, les gestes sautent d’une peinture à l’autre dans une sorte de continuité qui les lie entre elles. »
Tout se mêle.
La traversée dans ces eaux colorées conduit le public à embrasser totalement l’univers d’Idir Davaine. Nous sommes pris à partie et sommes poussés de suivre notre boussole intérieure. Au Nord, le soleil évidemment, au Sud la terre, à l’Est l’eau, mais n’oublions pas le souffle du vent à l’Ouest. C’est lui qui vient frapper de son sceau les toiles et vient imprimer les derniers gestes avec une vraisemblable fragilité. Les toiles résonnent entre elles et chantent puisque le cœur de l’artiste se répand.
Elise Roche
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Idir Davaine, Incendie, 2022
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Idir Davaine, Arbre à fossiles 2, 2022
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Idir Davaine, Arbre à fossiles, 2022
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Idir Davaine, Débandade et dégringolade dans la cité idéale, 2022
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Idir Davaine, Eclatax Sunshine (à Camille), 2022
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Idir Davaine, Sun ! Sun ! Tourne toi !, 2022
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Idir Davaine, Grand Cosmos Voie Nacrée, 2022
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Idir Davaine, Triptyque du mausolée - l'adieu des tournesols 1, 2022
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Idir Davaine, Triptyque du mausolée - l'adieu des tournesols 2, 2022
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Idir Davaine, Triptyque du mausolée - l'adieu des tournesols 3, 2022
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Idir Davaine, Souffle ! (portraits-souvenir), 2022