Le visage est ce qui dit le plus de nous-même

Sophie Rosemont, Madame Figaro, 4 October 2021

Avec sa peinture figurative mettant en lumière la flore et le corps féminin, cette artiste de 30 ans impose une poétique colorée dans un art contemporain en quête de sensualité.

 

Elle a 30 ans – même si, avec les nombreux mois de confinement, elle confie avoir encore l'impression d'en avoir 29. C'est dès la petite enfance qu'Inès Longevial s'est emparé d'un pinceau et qu'elle ne l'a plus quitté. Remarquée durant les années 2010 lorsque des marques telles que Maison Kitsuné et Amélie Pichard font appel à son sens de la couleur, celle qui ne se consacre désormais qu'à la peinture a récemment brillé lors de son exposition personnelle, Before the Sun Sinks Low, organisée par Ketabi Projects aux Grandes-Serres de Pantin, à l'hiver 2020-2021. Ses toiles vont bientôt traverser l'Atlantique pour être montrées à New York. Un succès qui tient sans doute au fait que les femmes qu'elle peint nous ressemblent, singulières et solaires, tout en étant nimbées de mélancolie.

 

S'offrir des fleurs

Madame Figaro. - Vous avez grandi dans le sud-ouest de la France. En quoi les couleurs de cette région ont-elles influencé votre peinture ? 
Inès Longevial. - Lorsque j'étais au collège, mes parents sont partis vivre à la campagne, dans une grange très isolée au milieu de plusieurs hectares. Alors que mes frères et sœurs faisaient des virées dans les bois, je restais à la maison sans manifester une immense joie de vivre en pleine nature… En m'installant à Paris, j'ai réalisé à quel point cet environnement et cette lumière me manquaient. Dans mon travail, j'ai essayé de retrouver ces souvenirs qui me font du bien.

 

S'offrir des fleurs

Madame Figaro. - Vous avez grandi dans le sud-ouest de la France. En quoi les couleurs de cette région ont-elles influencé votre peinture ? 
Inès Longevial. - Lorsque j'étais au collège, mes parents sont partis vivre à la campagne, dans une grange très isolée au milieu de plusieurs hectares. Alors que mes frères et sœurs faisaient des virées dans les bois, je restais à la maison sans manifester une immense joie de vivre en pleine nature… En m'installant à Paris, j'ai réalisé à quel point cet environnement et cette lumière me manquaient. Dans mon travail, j'ai essayé de retrouver ces souvenirs qui me font du bien.

 

 

A fleur de peau

Cette hypersensibilité a-t-elle servi votre art ? 
Toujours, c'est même un moteur ! Ce qui n'est pas forcément le cas au quotidien… J'ai toujours eu peur de l'avenir tout en chaussant des échasses pour passer au-dessus des obstacles : j'essaye de me forcer un peu à avoir confiance. Je suis du signe du Scorpion, et toutes les émotions exacerbées, si elles peuvent me brûler, peuvent aussi m'aider à renaître… La peinture est alors cruciale.

En quoi le cinéma est-il important pour vous ? 
Dans le cinéma, il y a un cadrage et la lumière, comme dans la peinture… Enfant, je me levais très tôt et, mes parents étant abonnés à Canal +, je regardais beaucoup de films comme Une vie volée (de James Mangold, avec Angelina Jolie et Wynona Rider, 1999, NDLR) ou des Almodóvar, dont le sens de la couleur m'a durablement marquée. Quand j'ai eu l'âge de sortir seule, je passais tous mes mercredi au cinéma. Mais ces derniers temps, avec la pandémie, je me suis surtout plongée dans des séries comme White Lotus ou Succession.

 

On a souvent comparé votre travail à celui de Frida Kahlo…
C'est seulement à l'adolescence que je me suis vraiment penchée sur les toiles de Frida Kahlo, qui sont toutes incroyables ! Or, enfant, je n'étais pas obsédée par elle comme par Nikki de Saint-Phalle ou Camille Claudel, dont le destin tragique m'a aussi beaucoup touchée. On a souvent ignoré les femmes artistes. Heureusement, de plus en plus d'expositions cherchent à rappeler leur travail qui, même s'il a pu être parfois reconnu de leur vivant, a été oublié.

Quels artistes contemporains vous inspirent le plus ? 
J'adore la cuisine et je suis de près les propositions de Laila Gohar et d'Adeline Grattard. J'admire les collages de Deborah Roberts, les peintures de Julie Curtiss, Lisa Yuskavage et Toyin Ojih Odutola – dans ses œuvres, la lumière et la texture sont magnifiques !

139 
of 154