À Paris, chez Ara Starck

L'atelier d'une vie
Marie-Eudes Lauriot Prévost, Point de Vue, 26 February 2025

Faire cohabiter un mari, deux enfants et la création d'œuvres en un même lieu, telle est la performance de cette artiste multidisciplinaire et chaleureuse qui vient de représenter la France à la Biennale de La Havane et s'apprête à dévoiler le décor de Maison Heler à Metz. Peinture, vitrail, céramique et textile prennent vie dans ce loft familial au coeur de la capitale.

 

"Pour moi qui ait du mal à m'arrêter, Paris est idéal. À l'inverse de New York, ici on prend le temps de vivre."

 

"Je ne suis pas la reine de la déco, ca se saurait", prétend Ara Starck, pourtant habile dans l'élaboration d'univers composés de souvenirs, retours de chine aux puces et d'objets signés de son père. Le Salon doit se faire tout petit pour laisser place à l'atelier où elle s'installe pour dessiner dans sa bulle. Ci-dessus, dans l'entrée, un portrait de la série Alter familia et une nacelle de manège propice aux discussions en tête à tête".

 

Petite fille silencieuse, elle a grandi dans un monde d’adultes au milieu des années 1980, au moment où son père vient de connaître le succès avec le café Costes devant Beaubourg. De l’agence de la Bastille à celle d’Issy-les Moulineaux, Ara observe Philippe dessiner au crayon sur son bloc de calque. « J’ai suivi la progression organique de ses créations. Il installe un élément de rencontre et le développe. J’étais fascinée par la rigueur et l’honnêteté de sa démarche. » Ara sera artiste et après des essais aux Beaux-Arts de Paris et à Central Saint Martins à Londres, elle trouve son compte à la Slade School of Fine Art de l’University College de Londres.

« On peignait, on peignait, on se faisait démonter par des critiques d’art, on rencontrait des collectionneurs venus acheter à la source, j’ai adoré ! » Elle enchaîne par des études d’anatomie en école de médecine, toujours à Londres. Une année à peindre des cadavres, comme Léonard de Vinci, pas une partie de plaisir mais l’apprentissage du geste. De retour en France, Ara est accueillie dans l’atelier du peintre Gérard Garouste, dont l’épouse Élizabeth a fait ses études à l’école Camondo avec Philippe Starck. « Il m’a appris tout ce qui ne se fait plus : les empâtements, les glacis, les fonds, préparant ses propres huiles. C’est mon maître à l’ancienne, doté d’un amour du partage qui anime l’association La Source créée il y a trente ans avec Élizabeth. » Aujourd’hui, les enfants d’Ara appellent Gérard « le grand peintre ».

 

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