Des images inconfortables, mais stimulantes
Tomber sur une photographie de Maisie Cousins suscite souvent une réaction viscérale. Il demeure cependant difficile d’en détourner les yeux, car ses œuvres exercent un réel pouvoir de fascination. Tout comme Lucile Boiron, elle trouve dans la photographie un moyen d’interroger la vérité biologique, en jouant entre la sensualité, le grotesque et une crudité viscérale. Toutes deux cultivent ainsi un style subtilement subversif, duquel émerge une poésie profonde. Dans l’agencement de l’image tout d’abord ; mais aussi dans la combinaison des couleurs d’éléments naturels et artificiels, des textures – puisque Maisie Cousins n’utilise pas PhotoShop. Mais aussi dans le contraste entre le perturbant et l’incongruité la plus totale de ce qui nous est présenté. Ses photographies sont créatrices d’un véritable tourbillon intérieur, provoquant des visions imaginaires, autant que d’un vertige physique, en raison de l’effet de gros plan et le caractère étrange de ses compositions.
« Les sujets dont elle s’approche sont terribles dans la vie quotidienne, mais Maisie Cousins parvient à imaginer des mondes oniriques à partir de ceux-ci », assure Élise Roche. De cette manière, l’artiste ne fait que créer un espace qui, en définitive, n’existe pas dans le quotidien. « Le vertige, c’est aussi ce moment où l’on se demande quand est-ce que cela va s’arrêter, poursuit la curatrice de l’exposition. Au fond, chacune de ces œuvres est à la fois premier et dernier vertige. L’abeille morte de Maisie Cousins en est peut-être à sa fin, ou bien à son début. » Les thématiques du pourrissement et de la chute explorées par Maisie Cousins entrent ainsi en résonance avec le sentiment de transition, de la recherche d’identité et de la création d’un monde nouveau. La photographe nous invite à une forme d’exploration de nous-mêmes, afin de prendre conscience des différentes strates qui nous composent, de la répulsion au sentiment de douceur et d’émerveillement. Échapper à l’ennui, être pris·e dans le tourbillon des sensations : voilà le désir qui anime le plus l’artiste, et que nous transmettent de toute évidence ces images singulières.
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