La nouvelle ligne de Design Miami/Basel

Alexandre Crochet, La Gazette Drouot , 26 June 2023
Descendue d'un étage, la foire bâloise s'est mise à la diète et a fondu de moitié, se recentrant sur un plateau plus homogène de marchands de créations plutôt historiques. 
 
C'est une cure d'amaigrissement pour la Design Miami à Bâle. Le résultat était spectaculaire ce mois-ci, à Messe Basel, le grand centre d’exposition signé Herzog & de Meuron. Exit l’étage si immense que ces dernières années, la difficulté à le remplir était flagrante. Place à une manifestation plus concentrée, installée au rez-de-chaussée... et plus accessible !

"C’en est fini des allées gigantesques, de tout ce qui n’était pas du pur design. Avec ce nouvel espace, les clients peuvent circuler, aller prendre un café à côté et revenir sans traverser l’énorme hall d’entrée et son escalator" , confiait François Laffanour, à la tête de la galerie Downtown à Paris.

 

Cette édition correspond aussi à un recentrage. Débarrassée des stands de design expérimental ou connexes, la foire comptait 25 exposants, contre une cinquantaine en 2022 en incluant le secteur Curio. Sur le Vieux Continent, l’évènement adopterait désormais une identité mieux définie autour du design, en particulier historique, tandis qu’en Amérique la foire mère, Design Miami, garderait sa dimension plus généreuse et plus "déco"...

 

Ce changement pour la foire, de fait affinée et plus qualitative, soulève quand même des interrogations sur l’évolution de la spécialité. « Depuis quelques années post-Covid, les coûts des transports de ont considérablement augmentés, ce qui pose un problème pour les marchands qui viennent de loin», précise François Laffanour. Cela explique aussi la composante surtout européenne des exposants pour cette édition 2023. Par ailleurs, il existe clairement «une raréfaction des galeries de design classique», observe ce spécialiste de Prouvé et de Perriand.

Le marchand parisien, qui s’ouvre aussi, depuis quelque temps, au design brésilien, a vendu des pièces à des Américains,des Suisses, des Français, des Belges...

« Le design est un marché de multiples, mais aussi de la rareté : pour les pièces importantes, il n’existe parfois qu’une dizaine d’exemplaires, au plus », note-t-il. S’il est a contrario une production qui semble inépuisable, c’est bien celle des Lalanne. Le couple de sculpteurs adorés par la jet-set des seventies et aujourd’hui par les millionnaires du monde entier était en vedette sur le stand de la galerie Mitterrand. «Nous sommes très satisfaits. Nous avons déjà vendu plusieurs pièces des Lalanne, entre 300 000 et 2 M€, tels un banc Bambiloba, un ensemble de deux Moutons de pierre et un Lapin-Chou. Nous sommes en pourparlers avec une importante collection américaine pour L’Âne planté [autour de 5 ou 6 M€, ndlr] et avec une fondation française pour le Singe attentif, confie Edward Mitterrand, président de l'enseigne. Les jeunes marchands, quant à eux, n’ont d’autre choix que d’explorer des pistes encore fraîches. Comme le design des années 1980 et 1990 pour la galerie Ketabi Bourdet. Celle-ci présentait sur son petit stand un focus sur les chaises de cette période qui sort du purgatoire, de Ron Arad à Martin Szekely, Gaetano Pesce ou... François Morellet ! Elles se sont très bien vendues, en partie en preview. D’un grand collectionneur allemand à Jane Holzer, ex-égérie de Warhol, en passant par le duo Jacques-Antoine Granjon - Delphine Arnault ou une floppée de conseillers et de décorateurs, la foire a réussi une fois encore à attirer un public très sélect. Viendra-t-il aussi en octobre pour la première déclinaison parisienne ?

 

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