5 questions à Inès Longevial, artiste peintre

Eloïse Duguay, Femmes d'art, 18 January 2021
Inès Longevial est artiste peintre depuis toujours. Du 19 au 29 janvier 2021, elle présente Before the Sun sinks low, une exposition particulière, aux Grandes Serres de Pantin. L'occasion de dresser son portrait en cinq questions.
 
Femmes d'art.  Bonjour Inès, comment se déroule une journée dans votre atelier ?
Inès Longevial. J'ai plusieurs ateliers, j'aime bien en trouver un pour un petit temps donné. Que ce soit à New York, à Paris, à Marrakech… ils sont tous plus ou moins différents mais j'y crée une ambiance qui me met dans un état de travail. Je ne suis pas de routine très verrouillée, ce n'est jamais pareil. J'écoute beaucoup de livres audios, je suis en pyjama, dans mes chaussons, très confortable.
En général, les journées de peinture sont de longues journées. Je ne regarde pas du tout l'heure. Je fais aussi de longues pauses, mais les périodes où je peins sont assez intenses. J'aime bien ça, j'appelle ça des "marathons de peinture" parce que j'ai l'énergie, j'ai l'envie, je n'ai pas de doute à ce moment-là et j'y vais à fond. J'en tire une série en une semaine, quinze jours, un mois, deux mois… et à la fin j'aime bien en faire une petite exposition ou un objet. Cette année c'était un petit peu différent parce que je le fais la plupart du temps lors de mes voyages. J'ai d'ailleurs créé une exposition en ligne qui s'appelle imissyou.love, qui présente une série de pastels que j'ai réalisés en quelques jours pendant le confinement. 
 
Femmes d'art. Outre le voyage et ce qu'il vous apporte, qu'est-ce qui vous inspire tous les jours ?
I.L. Ce que j'aime dans le voyage, ce sont les nouvelles couleurs, la lumière qui est souvent différente. Par exemple à Paris je trouve que la lumière est toujours très bleutée alors j'en garde quelque chose dans mes ombres, de ce bleu omniprésent. Par contre, ça manque parfois de cette lumière chaleureuse qu'on retrouve à New York, en Californie ou au Maroc.
Ce que je vois m'inspire tous les jours. Je suis assez poreuse, j'aime m'imprégner, que les choses rentrent en moi. Tout ce que j'aime, ce qui me dérange aussi, dans des séries, des films, en musique, m'accompagne beaucoup dans la peinture. Ce que je vis aussi, les relations humaines m'inspirent beaucoup.
 
Femmes d'art. Quelle place l'art prend-il dans votre vie ?
I.L. L'art est quelque chose qui m'accompagne depuis toujours. Je peins depuis que je suis toute petite. Étant très sensible, la peinture était toujours un moyen pour moi de pouvoir m'exprimer, de m'apaiser. Ensuite j'en ai fait mes études, et c'est devenu mon travail.
Je construis constamment ma pensée autour de la peinture. C'est obsessionnel. C'est aussi constitutif, même si ce n'est pas toujours positif quand j'y pense. Quand ça concerne des comparaisons avec d'autres artistes, d'autres carrières ou des réponses que je voudrais avoir tout de suite à travers mes peintures et que je n'ai pas parce que je suis dans une phase de recherche… c'est tout le temps là. Que ce soit dans la recherche ou pour trouver des réponses, j'y pense tout le temps. C'est indissociable de moi.
 
Femmes d'art. Vous présentez une exposition du 19 au 29 janvier qui s'appelle Before the Sun sinks low, pouvez-vous nous en parler ?
I.L. C'est une partie de mon travail étalée sur 2020. Habituellement, j'aime bien montrer une série issue d'un "marathon", là il y a des toiles que j'ai peintes en janvier, février, mars, avril… jusqu'à décembre. Pour moi c'est différent parce que je travaille tout le temps avec la couleur, et mes couleurs sont étroitement liées à la saison dans laquelle j'évolue. Dans l'exposition on voit vraiment la différence entre les peintures peintes en février et celles peintes en juillet ou en décembre. C'est ce qui me fait peur mais que je trouve aussi intéressant de montrer pour la première fois, parce qu'il y a eu toute une année en saisons. C'est ce que j'ai hâte que les gens voient.
Le titre m'est un peu apparu comme une évidence quand j'en cherchais un vers novembre-décembre. Je trouve qu'il était à la fois capable de saisir le présent par rapport à tout ce qu'on est en train de vivre, mais aussi le passé et le futur. Ça imageait assez bien la question de cette année, de la peur que j'ai du futur, de ce que j'en attendais et de ce qu'on avait vécu. En même temps le titre parlait de cette lumière, du coucher de soleil, de la golden hour que je développe beaucoup dans ces toiles.
C'est intéressant parce que cette année j'étais comme tout le monde. Quand j'étais confinée, que je rêvais de voyager, de voir des couchers de soleil, je l'ai peins sur des peaux. C'était très intérieur, j'ai peins ce qui me donnait envie, ce que j'avais envie de voir. C'était des peaux rougies par le soleil, c'était très littéral mais ça me permettait de le projeter.
 
Femmes d'art. Comment ressentez-vous cette série de toiles par rapport aux précédentes ?
I.L. Le fait d'avoir appréhendé ces toiles sans imaginer les exposer, comme je le faisais avant avec mes autres séries, c'était vraiment différent. J'étais moins dans l'urgence de vivre de nouvelles expériences, de nouvelles aventures. Finalement, elles sont peut-être deux fois plus personnelles, et très liées à ce qu'on a vécu cette année.
 
Si vous souhaitez en savoir plus sur l'exposition d'Inès Longevial et réserver votre billet, il vous suffit de vous rendre sur le site Ketabi Projects !
Portrait d'Inès Longevial : crédit © FIONA TORRE - 2017
 
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