Somptueux écrin

Pour sa première édition, du 17 au 22 octobre, en parallèle de Paris+ par Art Basel, la foire Design Miami/Paris s'installe dans un superbe hôtel particulier du 7e arrondissement.
Éric Jansen, Les Échos SÉRIE LIMITÉE, 5 October 2023

Elle ne cache pas sa joie. Après la frustration d’avoir dû annuler l’événement place de la Concorde l’année dernière, par suite d’une décision de la préfecture pour des raisons de sécurité, Jennifer Roberts a rebondi de façon admirable. La CEO de Design Miami a décroché un magnifique hôtel particulier dans la rue de l’Université. Et pas n’importe lequel : l’hôtel de Maisons fut la demeure de la famille Pozzo di Borgo, qui y logea pendant des années un certain Karl Lagerfeld. Vendue au président gabonais Ali Bongo en 2010, la noble bâtisse était depuis restée porte close. Autant dire que l’excitation et l’impatience sont au rendez-vous pour découvrir les lieux, sans les meubles du couturier et col- lectionneur avisé, mais avec ceux des galeries sélectionnées.

 

Du design vintage et contemporain sous des lambris dorés? Cela changera de l’anonyme tente blanche dévolue à ce genre de salon. Et ce " joli contraste ", pour reprendre les mots de Jennifer Roberts, n’aurait pas déplu à Karl Lagerfeld. On se souvient qu’après avoir eu une passion pour l’Art déco et le XVIIIsiècle, il s’était enthousiasmé pour les créations de designers comme Martin Szekely, Marc Newson, Konstantin Grcic ou François Bauchet. Didier et Clémence Krzentowski s’en souviennent très bien : " Il aimait l’éclectisme et ce qu’il y avait de mieux dans le beau. " Figures incontournables de Design Miami, ils seront bien sûr là pour cette première édition parisienne. Avec eux, la fine fleur des marchands spécialisés : François Laffanour, Patrick Seguin, Jacques Lacoste, Pierre Marie Giraud...

 

26 exposants sur plus de 1 000 m2

Ce cadre somptueux de plus de 1000 mètres carrés a toutefois ses contraintes. Il a fallu tout d’abord répartir les 26 exposants au fil des pièces, qui chacune a sa particularité, et, beaucoup plus compliqué, les amener à partager les grands espaces. Jennifer Roberts avoue, dans un sourire qui en dit long, que l’exercice a demandé un peu de diplomatie. Bons joueurs, Jacques Lacoste cohabite avec Philippe Jousse, Didier et Clémence Krzentowski avec Patrick Seguin, la galerie Demisch Danant avec la galerie Mitterrand.  "Cela nous oblige à réfléchir encore plus à ce que nous allons montrer, commente Edward Mitterrand. Quant aux boiseries XVIIIe, ça marche toujours avec une belle œuvre des Lalanne".

 

Certains mélangent mobilier et objets, d’autres pas. À l’inverse, la galerie Ketabi Bourdet a choisi une petite pièce pour être seule et recréer l’ambiance intime d’un fumoir avec des créations des années 1980. Il a fallu aussi composer avec un bâtiment historique: des normes de sécurité drastiques et pas question d’accrocher quoi que ce soit sur les murs. L’éclairage a dû également être complètement repensé. Enfin, les pièces en enfilade du XVIIIsiècle ont beaucoup de portes... Trop quand on veut exposer des meubles ! Un inconvénient qui a aussi son avantage: elles permettent une bonne circulation. Néanmoins, le nombre de visiteurs sera limité à 300. Jennifer Roberts en espérant 12000 sur six jours, il y a un risque d’embouteillage. " Mais nous ferons en sorte que les gens attendent dans de bonnes conditions. Il y aura un café Cova dans la cour pour se restaurer. " Les visiteurs pourront aussi aller dans le jardin transformé en lieu d’exposition avec des sculptures et des pièces de designers. Une maison de Jean Prouvé s’y dressera, symbole du " joli contraste " cher à Jennifer Roberts.

 

designmiami.com

 

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